Écrire sur l’écriture

Publié le 22 Octobre 2022

Écrire sur l’écriture

Réfléchir au moment de l’écriture, c’est encore écrire. Écrire sur l’écriture. J’y ai joué plusieurs fois comme Gide, comme si j’étais un écrivain connu, apprécié. Le journal d’une œuvre qui s’écrivait… Je disperse ces réflexions dans mes livres, espérant qu’elles intéresseront les apprentis écrivains. Apprenti, je l’ai été, je le suis toujours.

(La photo,  c’est le vieux Sablé)  

 

Je n’écris pas Paludes. Réflexion sur un roman

(Pages de journal) 

Il y a l’œuvre et il y a la réflexion sur l’œuvre, qui précède et accompagne l’écriture du texte. Les pages qui suivent, écrites en même temps que la chronique, éclaireront peut-être mon lecteur sur mes intentions au moment d’en commencer la rédaction - c’était un projet fou - et par la suite à chaque fois que je me suis installé devant le paquet de feuilles. Ce journal est aussi pour moi une réflexion utile à mon travail. Tentative d’explication, de justification. Le lecteur aura-t-il sur ces pages le même regard que l’auteur ? Je n’ai jamais été de l’avis de Julien Gracq quand il affirmait qu’il n’était « pas partisan de montrer aux invités les cuisines ». C’est dans les brouillons, dans les notes en marge de l’œuvre, que l’on trouve l’écrivain, avec ses qualités, ses faiblesses. Je vous laisse en sa compagnie : aurez-vous le courage de le suivre ?

16 décembre 2009 

Reprise de ce texte qui s’écrit depuis mon adolescence. Repris, corrigé plus de dix fois,  cent fois peut-être. Des fragments ont paru dans Le Nouveau Recueil  (en 2003) et dans Arpa  (en 2006), deux revues qui comptent en littérature.  L’Indicible Frontière  en a repris un autre fragment en 2007 et, quatre ans plus tard, mon ami Paul Van Melle en a présenté deux pages dans Inédit Nouveau . Je ne dis pas cela par vanité ; j’ai ressenti ces parutions comme des encouragements. Cette chronique, dont je vais extraire quelques passages pour un court récit (publiable, j’espère), est sans doute mon livre. Des centaines de pages. Commençant à les recopier sur un gros cahier de grand format, j’avais noté sous le titre : « Œuvre posthume » (un souhait à cette époque ?) et un passage du journal de Roger Martin du Gard. Je cite : « Le goût du secret, si vif chez moi, quasi morbide (si je suis discret, ce n’est pas vertu ; je suis ainsi fait) je déteste divulguer. Aucune velléité de mettre autrui au courant. Instinct bourgeois du propriétaire. Je répugne à me partager, j’aime garder pour moi ; ça ne regarde personne. Mais alors pourquoi suis-je écrivain ? » Alors, pourquoi écrivait-il son journal ?

J’avais noté ce fragment, donc, en tête du cahier, et la référence : RMG, Journal, 1er janvier 1949. Or, saisi d’un doute, je rouvre le livre, cherche le 1er janvier 1949 : rien à cette page sur le goût du secret chez Martin du Gard. Je n’ai tout de même pas inventé ce texte (qui colle bien à moi ; c’est vrai, j’aurais pu l’écrire). Un mystère. Pas le temps d’entreprendre de longues recherches.

Voilà. Je commence ce journal au moment de reprendre ce curieux manuscrit. Curieux car ce texte ne ressemble à rien que je connaisse. Il y aurait peut-être, pour celui qui fouillerait au plus profond, quelque chose d’un des premiers livres de Sollers : « Le Parc », paru en 1961. Ce roman-là m’a fasciné longtemps, pour son grand vide, meublé phrase après phrase, une étonnante relation extérieure de la vie.

Chaque jour, j’essaierai de suivre, et de commenter, dans ce journal que j’ouvre aujourd’hui l’écriture de cette chronique. Au début, je l’avais intitulée :  Et je marche près d’Elle. Maintenant je dirais plutôt que c’est « Le Journal du temps ».

Je voudrais une écriture sèche, qui aille droit au but. Et ôter toutes les complaisances que l’on n’écrit que pour se faire plaisir. Pour ce bref récit que je projette de tirer de la chronique, il me faudra d’abord retrouver le fil directeur, organiser un texte qui ne soit pas narratif, qui plutôt superpose plusieurs narrations non situées dans la même époque (pas plus que dans le même lieu) Et toujours, en contrepoint, les explications que donne ce qui serait au cinéma une « voix off ».

 

23 décembre

 

La difficulté ici réside dans la multiplicité des situations et le nombre des personnages. L’auteur (qui n’est pas le personnage) dit parfois « je », parfois « il », comme si, per moments un témoin l’observait, qui ne peut le peindre que de l’extérieur.

Je relève dans le Journal des Faux-Monnayeurs cette note de Gide : « Admettre qu’un personnage qui s’en va puisse n’être vu que de dos ». Un principe à appliquer dans la chronique.

Important : que ce journal du livre qui s’écrit ne soit pas plus long que le livre lui-même.

 

Janvier 2010

 

Progressant de quelques pages dans le labyrinthe de ce récit, je me dis que le lecteur s’y perdra un peu, que ne guidera nulle trame bien visible. C’est vrai, l’action part dans une direction, se heurte très vite à un mur qui est le silence dont le narrateur entoure – involontairement ? – sa vie. Il y a un « fond(s) de soi très intime qu’il ne veut pas dévoiler. Alors l’action bifurque. Parfois même elle renaît d’une autre époque plus lointaine, en un autre lieu, ce qui ne facilite pas la « reconnaissance ».

Et, comme pour augmenter le trouble du lecteur, les personnages ne sont pas nommés. On ne connaît pas le nom du narrateur, ni celui de la fille, amie d’enfance que seule une majuscule permet d’identifier, le E du pronom Elle. Seuls ont une identité les personnages de mes romans, qui surgissent au hasard d’une page, comme dans la vie nous arrivent parfois de nouvelles relations. Vil (dont on devine, d’ailleurs, que ce n’est qu’un pseudo), Ronnie (Est-ce bien son prénom ?), Pat (une abréviation aux multiples interprétations possibles), Yves (personnage double, compagnon de toujours du narrateur, mais aussi le gamin breton, héros du roman « Yves en hiver »). Bref, voilà de quoi déconcerter le lecteur. Mais n’est-ce pas un peu l’objectif de l’auteur dans ce livre où il tente de restituer l’imprévu de la vie, son aspect inexplicable ?

 

20 janvier 2010

 

Ce qui me paraît important dans cette chronique dont j’extrait mon récit, c’était de montrer l’action du temps. Dans les premières pages, j’écrivais : « Je voudrais les rejoindre et je ne peux pas. Des années nous séparent. Des années de silence. » Il s’agit là de mes deux personnages principaux, enfermés dans un temps qui n’est plus le mien. Je veux dire qu’eux n’ont pas vieilli. Parce que mon écriture les fige dans une époque.

 

Janvier, le 30

 

Difficulté à peindre la femme (Elle) qui erre dans ces pages. Récupérer dans la Chronique les passages qui l’évoquent, les ordonner (selon quelle logique ? L’ordre chronologique, ce serait contraire à l’idée de départ qui était de peindre les êtres dans leur complexité, de montrer qu’ils sont à tout moment multiples, amalgame de passé, de présent et de projection dans l’avenir. Là et ailleurs en même temps).

Je crains que mon personnage ne reste flou pour le lecteur ; alors que je tente de m’en approcher, je le sens qui s’éloigne et m’échappe.

 

 

Février 2010

 

Me suivra-t-on si je dis que dans la chronique le non-dit est étouffant. On s’y meut dans un flou qui est celui de l’in-connaissance. Du pressenti jamais vérifiable. Il y a du Nouveau Roman dans ce texte, du fait que le narrateur est en partie extérieur à l’histoire, qu’il n’en relate que ce qu’il peut savoir. Et ce qu’il a interprété des événements où il n’entrait pas comme acteur.

Ce point de vue me convient, qui donne au récit son caractère inachevé.

 

10 février

 

Le chapitre 4 de la Chronique, dans lequel je puise aujourd’hui pour cerner le personnage d’Yves (ne devrais-je pas aussi rouvrir le manuscrit de « Yves en hiver » ?) me pose problème. Je ne sais trop qu’y prendre. S’y superposent l’homme et l’enfant qu’il fut à un moment de son histoire. L’homme aussi de plusieurs époques, y compris celle de son absence inexpliquée, moment où le narrateur lui prête une existence qui n’a peut-être pas été la sienne. Quant à la personnalité qu’il lui prête, n’est-elle pas imprégnée de romanesque – je veux dire : fictive – modifiée qu’elle peut être par les expériences communes d’Yves et de celui qui le décrit ?

J’ai l’impression, rédigeant ce qu’il faut bien appeler un portrait, de m’engager sur un terrain mouvant, mais dont l’instabilité même fait l’intérêt. Au lecteur de se faire une idée du personnage à travers les révélations ambiguës de celui qui écrit. L’intérêt de ce livre, s’il y en a une, c’est que le lecteur devra y engager sa propre personnalité, dans une démarche aléatoire.

 

17 février

 

Enfin quelqu’un pour dénoncer au public la supercherie de l’écriture de Christian Bobin. Le ramassis de froides banalités que sont les textes de cet auteur ne trouve pas grâce devant Pierre Jourde (1). Comme je le suis allègrement sur ce chemin. Je me rappelle avoir noté dans mon journal il y a quelques années cette constatation faite après avoir lu un livre de Bobin (je n’ai même pas retenu le titre tellement je m’y étais ennuyé) que je ne me souvenais pas de ce que je venais de lire. Cela ne m’était jamais arrivé auparavant.

Dans la chronique, je lis l’évocation de la maison du narrateur, qui écrit dans la nuit, et en particulier « …la petite table basse encombrée de feuilles, de livres… » Je n’ai jamais laissé mes papiers traîner sur une table de salon. Je suis trop maniaque pour cela. Non, cette petite table, je sais où elle est (était) je l’avais vue dans la pièce de travail de Roger Martin du Gard, au tertre, en 1955, quand j’étais venu passer une journée avec l’écrivain. C’étaient les feuillets de son journal qui jonchaient la table basse. Aidé de Marie Rougier, il tentait d’y mettre un peu d’ordre, afin de rédiger ces « Souvenirs autobiographiques et littéraires » qui devaient prendre place en tête du premier volume de ses œuvres dans la Pléiade. Cette table, et son désordre de papiers avait frappé l’adolescent venu voir le Maître. Et des années après, je me suis approprié ce qui pour moi symbolisait le travail de l’écrivain.

18 heures – Après un long après-midi consacré au courrier, je reviens à la Chronique.

Après ce que j’écrivais ce matin sur Christian Bobin, l’envie m’a pris de rouvrir ses livres. J’en ai trois, dans la collection Folio, tout de blanc vêtus, avec des photos de femmes ou de fleur sur la couverture. Je relis, donc, et je me dis – il faut être honnête – je me dis : Il a un style, tout de même, ce type. Il a son écriture. On la retrouve dans les trois bouquins. Le lexique aussi, qui est le matériau de l’écrivain. Et un style, qui fait qu’on le reconnaît. Allons, tout n’est pas mauvais dans Bobin.

20 heures – Exceptionnel, de reprendre le stylo après le dîner…

Dans le Journal des Faux-Monnayeurs (un petit chef-d’œuvre), à propos du monologue de Lafcadio et du journal d’Alissa, Gide écrit : « Ce faisant, j’oublie qui je suis, si tant est que je l’aie jamais su. Je deviens l’autre ». C’est un peu contradictoire, mais je pratique, moi aussi. J’ai mis tant de choses de moi dans mon narrateur que je m’y reconnais, que je vis sa vie comme si c’était la mienne. La chose qui l’éloigne un peu de moi – dans le temps – c’est que sa maison n’est plus la mienne. Nous l’avons vendue en 1975. Ses propriétaires actuels seraient bien étonnés s’ils apprenaient qu’un être fictif – mi réel, mi rêvé – squatte leur demeure. Qu’il y vit, en un autre temps.

(1)  Pierre Jourde : La Littérature sans estomac, Pocket.

 

Avril 2010

 

Avec la chronique, c’était pareil : il m’arrivait d’avoir de grandes périodes de vide. D’où l’idée, bien ancrée en moi, que l’ensemble ne pourra être que posthume.

« Par la fenêtre je regarde la nuit qui me renvoie mon image », écrivais-je dans un poème. Nos textes aussi nous redonnent un reflet de nous-mêmes. Fouillant un peu, nous pourrions y retrouver, muré dans son silence, l’être insaisissable, énigmatique, qui nous habite. Cette entité qui se glisse à notre insu dans les mots, les phrases, en apparence inoffensifs. En apparence seulement. C’est le propre de ma Chronique, de cacher ainsi, entre les lignes, la personnalité de son auteur. 

 

Avril, toujours.

 

J’en suis arrivé à ce moment de la Chronique où le narrateur, aidé de Vil, cherche à mieux cerner ses sentiments pour Pat. On sait déjà que l’adolescent est mort (laisserai-je l’événement à cet endroit de mon récit, pas sûr) mais on ne connaît pas encore les causes du drame. Faudra-t-il d’ailleurs les préciser ou laisser le lecteur les imaginer ? Ce qui me frappe, à la relecture de ce passage, c’est l’ambiguïté des relations entre le gamin et le narrateur. Et l’enchevêtrement des destins qui me paraît reproduire assez bien les croisements de nos vies dans la réalité, quand des êtres se rapprochent, font ensemble un bout de chemin, puis se séparent sans qu’un témoin extérieur à leurs vies puisse connaître les raisons de leur éloignement.

 

30 avril

 

J’écrivais plus haut : « aidé de Vil ». Je me demande si l’intervention du vieux romancier, et de sa compagne, la tenancière du bar, n’enfonce pas un peu plus mon texte dans le roman, alors que je voudrais que ce soit le contraire. Ma chronique, dont j’extrais ce récit, n’est pas un roman. C’est la Vie. Du moins, c’est ce que je voudrais que cela fût.

Vil écoute, c’est le confident. Il ne juge pas. Ronnie, à cause peut-être d’une sensibilité moins bien maîtrisée, s’engage plus dans le tourbillon de ces vies qui s’agitent autour d’elle. J’emploie le présent, mais tout ce que le narrateur évoque fait référence à une époque déjà lointaine, en particulier la mésaventure du jeune Yves, le Breton de Port-Louis. Le texte utilise alors une sorte de présent dans le passé. Nous sommes ainsi faits, que plusieurs êtres en nous coexistent, le même, mais sédimenté par des jours et des jours de vie, chaque instant l’ayant vieilli – c’est une banalité – changé, et en même temps laissé lui-même.

On me reprochera peut-être la présence de Vil. Mais sans lui, le narrateur ne se révélerait pas autant. Au moins, je ne dis plus, comme autrefois dans ce texte, « Si j’étais romancier… » Robert Morel, qui fut le premier lecteur de la Chronique, me l’avait reproché. « Vous êtes romancier », me disait-il.

 

Mai, le 13

 

Ce matin, trois pages, qui ne seront sans doute pas dans le récit, pour expliquer Vil. Curieux personnage, sorti de mon roman « Yves en hiver ».

« Vil, dans notre vie, à Yves et à moi, c’est un peu le terre-neuve. »

Ce n’est pas pour rien que Vil est un romancier, c’est-à-dire celui qui a pouvoir sur ses personnages. C’est par coquetterie que certains auteurs avancent que ces êtres, de papier avant de devenir de chair pour le bon lecteur, échappent parfois à leur créateur. Ils n’échappent pas. Ils font ce que l’inconscient de l’écrivain leur dicte. Et que l’écrivain ne soit pas maître de ce qu’on appelle son inconscient, voilà la vérité. Bref, Vil est là pour aider Yves (dans la Chronique) et le narrateur (dans le récit que je suis en train d’en tirer) à se connaître eux-mêmes. Son rôle eût été différent s’il n’avait pas été romancier. J’aime bien ce vieil homme un peu négligé dans sa tenue mais très sympa. Et la liaison qu’il entretient, contre vents et marées, avec Ronnie, la tenancière du Casino, le bar de la plage.

 

10 juin 2010

 

Nouvel arrêt dans l’élaboration du « Récit ». Il faut dire que la tâche n’est pas facile : une relecture permanente pour choisir les fragments qui vont être utilisés ; dans les multiples versions de cet énorme texte (puisqu’il y a eu plusieurs réécritures), il est facile de se perdre. Mais aurai-je un jour le courage de tout reprendre pour pouvoir jeter les versions antérieures ?

Il y a aussi, bien sûr, la lecture, nourriture quotidienne. Mais j’aime avoir plusieurs livres ouverts en même temps. « La littérature sans estomac » (de Jourde) Tout le monde aura reconnu l’allusion au pamphlet de Julien Gracq : La Littérature à l’estomac, Corti, 1961). Je trouve Jourde plus convaincant quand il critique, ironise, démolit, que lorsqu’il encense. Il faut dire que l’homme a la dent dure. Sollers, Darrieussecq, Beigbeder, Camille Laurens, Pascale Roze, Bobin : tous y passent. François de Cornière aussi, et même Philippe Delerm et sa « littérature de confort ». Viennent ensuite quelques auteurs, dont Novarina, qu’il nomme « écrivains ». Peu nombreux, ceux-là.

 

Septembre 2011

 

Cette Chronique où je puise est un texte étrange « où interviennent mes personnages de romans et des êtres de mon quotidien, œuvre à moitié autobiographique, qui a traversé les remous du Nouveau Roman et en a gardé quelque chose dans sa conception et son écriture ». (Revue « 7 à dire », n° 21)

Etrange, certes. Et peut-être condamnée à n’être  jamais achevée. Reprise tant de fois et abandonnée pour d’autres tâches. Cette fois encore… Rouvrant ce journal pour y écrire quelques mots, je regarde la date de la dernière entrée. Cela fait plus d’un an que je galère dans d’autres travaux d’écriture, et que ce récit a été mis en attente.

Aujourd’hui, me voici de nouveau prêt à poursuivre cette quête des êtres qui habitent le texte comme on traverse un existence – présents un temps, absents le lendemain. Cette notion de présence précaire (soumise à des exigences qui nous échappent), ces comportements inexplicables mais qu’on ne saurait condamner, bref, la vie avec ses certitudes et ses imprévus, c’est le fonds dans lequel je voudrais puiser pour avancer dans le devenir des êtres du récit, ce texte qui ne ressemble à rien. (Mais je revendique le droit de le construire à ma guise – d’éclairer des pans du destin de mes personnages sans avoir à justifier mes choix.)

 

Décembre

 

Bientôt Noël et son remue-ménage ; hâtons nous de finir, si c’est possible. Le récit doit être bref, une tranche de vie. Cinq semaines. Mais, deux temps parallèles. Les lieux ? Port-Louis, ce petit port breton, à l’entrée de la rade de Lorient, avec, à la pointe, sa citadelle, solide bastion de défense, et ses rempart face au large. Plaisir à en parler. Mon beau-père y fut percepteur dans les années 50, 60. Au large : Groix, et, dans la rade, l’île Saint-Michel qui m’a toujours fasciné ; dans le livre « Yves en hiver » resté dans mes tiroirs, le gamin breton, accusé de vol, s’y réfugie pour échapper aux gendarmes ; île mystérieuse, interdite au public. Un prieuré s’y dressait au Moyen-Age, et un lazaret au 19ème siècle. Minée par les Allemands à la fin de la guerre 39-45, elle a été nettoyée de ses engins explosifs, mais reste propriété militaire. D’autres lieux, dont la localisation reste vague : la ville où vit l’auteur (rien de précis) et les maisons ; plusieurs, non situées, l’important étant simplement d’ajouter aux atmosphères. Les époques ? multiples : une période scolaire pour le narrateur et en même temps des vacances, non situées dans le temps pour accentuer une confusion qui est celle des souvenirs qui resurgissent. « N’importe quoi ! », diraient mes petits-enfants. Et ils auraient raison. Mais le livre est là, attendant une ultime réécriture. Qui a dit que les écrivains ne travaillaient pas ?

Ecrire est toujours une aventure.

Claude Cailleau, texte repris en septembre 2022

 

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article